mardi 10 janvier 2017

Mélenchon, l'âne, et le Front National .


A part le Front National, qui peut prétendre aujourd'hui que le parti d'extrême-droite a la moindre difficulté à mener des campagnes électorales ? 
La dite Marine Le Pen a déjà 6 millions d'euros assurés par le "prêt" de la Cotelec, la structure financière de Jean-Marie Le Pen. Un  prêt dans l'entre-soi du fascisme français, qui atteste du portefeuille bien garni de l'extrême-droite. 
En 2014, le parti avait obtenu 5 millions d'euros de fonds publics, et se permettait un budget de fonctionnement de 8 millions d'euros. 


De plus les enquêtes judiciaires menées depuis des années ont mis en lumière deux pratiques très répandues: d'une part, l'obligation pour les candidats de financer eux-même une partie de leur campagne en achetant au FN des kits de campagne. Le fasciste ambitieux doit donc avoir les moyens de son ambition et mettre la main à la poche. D'autre part, les emplois fictifs qui permettent de faire travailler directement pour le parti des salariés payés par l'argent public.
Certes le Front National a décidé qu'il lui fallait encore au moins 8 millions d'euros. C'est chose commune, dans la vie, que de vouloir plus de moyens, en politique comme dans la vie quotidienne. 
Et c'est chose encore plus commune que de vouloir beaucoup d'argent quand on en a déjà beaucoup. On ne saurait reprocher aux fascistes d'être comme tout le monde. 

Seulement, tout le monde n'a pas le culot de se déclarer pauvre et maltraité en disposant de millions d'euros de fonds propres. Tout le monde n'a pas le culot de prétendre être persécuté par le prétendu "système" en percevant par ailleurs des millions d'euros d'argent public. 
Les fascistes se reconnaissent à ce qu'ils osent tout. Et l'on commence à favoriser la diffusion des thèses fascistes, dès lors qu'on reprend comme point de départ de son raisonnement, l'argumentation même des fascistes. 


En demandant aux banques françaises de prêter de l'argent au FN et en dénonçant un refus dont il ne sait rien, refus qui serait "spécifique" au parti d'extrême-droite, c'est évidemment tout le discours complotiste fasciste qui est avalisé. Chacun , évidemment , sait bien ce que l'extrême-droite met derrière sa dénonciation des "banques" et de la "finance qui conspire contre elle". Chacun et, Jean-Luc Mélenchon en premier lieu, car nul ne peut ignorer l'un des codes antisémites les plus éculés de l'extrême-droite.

" Mais enfin, il y a les faits", diront certains. Quels faits ? Les quelques lettres de refus de prêts fournis par le FN il y a quelques mois ? Mais chaque client de banque sait bien qu'un refus de prêt ne témoigne en général pas d'un acharnement personnel. Ainsi certaines banques mises en cause ont-elle fait savoir qu'elles ne finançaient pas les partis politiques. D'autres ont pu avoir cent raisons de ne pas financer spécifiquement le Front National. Le FN , dans sa propagande, ne fournit évidemment pas ses dossiers de demande, ni les garanties qu'il propose. On peut également penser qu'une banque prudente hésitera à financer un parti et un micro-parti Jeanne, qui font actuellement l'objet de procédures judiciaires pour des délits liés à des malversations financières et à du détournement d'argent public. Lesquelles procédures pourraient aboutir et coûter cher au parti et à ses dirigeants. 

Aussi bien, affirmer qu'il y ait dans les quelques refus présentés par le FN une affaire politique est une affirmation gratuite de propagande. D'ailleurs il y a un élément factuel tout à fait concret et connu de tous qui devrait clore le débat: a-t-on jamais vu le FN ne pas faire campagne , et campagne somptueuse, et tout à fait semblable à celles d'autres partis ? Non. 


Comme on ne l'a jamais vu ne pas obtenir ses 500 signatures, y compris avec l'aide de partis de droite qui prétendent le combattre( voir ici). Ce qui était le prétexte précédent pour hurler au déni de démocratie, et au complot , pour obtenir une couverture médiatique assurée en début de campagne, et pour faire passer les vessies pour des lanternes, et les châtelains de Saint Cloud pour des roturiers persécutés. Malheureusement, cette mystification là a fait long feu, conséquence des succès électoraux du Front, justement, qui rendent très visible le fait qu'il disposera sur ses propres forces des signatures nécessaires. 


Faute de grives, on mange des merles, et la sornette du complot des banques en fait donc office. Elle a un second avantage, permettre de présenter les liens évidents et structurels entre les réseaux de Poutine et Marine Le Pen comme une "obligation", sans signification politique. Et une nouvelle fois, sur ce sujet, ce n'est pas de manière désintéressée que Mélenchon avale les couleuvres brunes et les recrache telles quelles. Sa ligne politique, en effet, ne présente sur la défense de Poutine, que peu de différences avec celle des Le Pen, on l'a vu encore récemment sur ses déclarations infâmes concernant la révolution syrienne, et son voeu d'une "coalition universelle avec la Russie," c'est à dire un regroupement militaire avec le boucher d'Alep.


Tout ceci serait juste pitoyable si chaque reprise des campagnes du FN n'élargissait pas son audience . Tout ceci serait juste pitoyable, si on ne touchait pas au cœur même du discours fasciste : se faire passer pour une victime quand on est un bourreau, éructer de front les mensonges les plus grotesques pour imposer une vision déformée et dangereuse de la réalité.


Car l'antiracisme conduit, logiquement à un seul souhait, qui malheureusement reste un vœu pieux : qu'effectivement le Front National, comme toutes les autres formations fascistes cesse de bénéficier de la manne de l'argent public d'une démocratie qu'il combat de toutes ses forces. Qu'il y ait des banques pour lui refuser même mille euros. Si seulement, mais si seulement il y avait un complot généralisé contre le Front National, et bien il aurait pour nom antifascisme.
Seulement voilà, il n'y en a pas. Le risque que Marine Le Pen devienne présidente n'a jamais été aussi élevé. Et chaque reprise de sa propagande par un autre parti conforte ce risque et de manière générale , diffuse dans tous les camps politique la vision du monde mensongère des fascistes.


Le Front National est un parti riche, puissant et influent. Que cette évidence là soit balayée dans ce que les partisans de Mélenchon appellent un « trait d'esprit » et un « coup de pied à l'âne » est à la fois inacceptable et désastreux.
Les ânes au moins, ont de la mémoire.

Nad Iam
MEMORIAL 98

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