mardi 28 novembre 2017

Sauvons les Rohingya de Birmanie: halte au génocide.






Mise à jour du 29 septembre 2018: l'ONU ouvre une enquête pour génocide et le Canada retire sa citoyenneté d'honneur attribuée à Aung San Suu Kyi

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a voté cette enquête  qui doit être indépendante. Il est à noter que seuls la Chine de Xi Jen Ping, les Philippines de Duterte et le Burundi de Nkurunziza ont voté contre tandis que Cuba et le Venezuela s'abstenaient. Dans le cas du régime chinois, il s'agit d'un soutien constant au pouvoir birman, y compris durant dans la période de la dictature militaire.

Ce vote fait suite à la publication, fin août, d’un rapport de la Mission d’établissement des faits de l’ONU sur la Birmanie, dans lequel les enquêteurs demandent que les principaux généraux de ce pays, y compris le commandant en chef Min Aung Hlaing, soient traduits devant la justice internationale pour « génocide dans le nord de l’Etat Rakhine, ainsi que pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre dans les Etats Rakhine, Kachin et Shan ».

En même temps le gouvernement canadien a retiré la citoyenneté d'honneur qu'il avait attribué à Aung San Suu Kyi comme à Nelson Mandela. La prix Nobel de la paix n'a jamais protesté contre le massacre des Rohingyas et défend les chefs militaires mis en cause.  

Ce début d'alerte mondiale sur la cause des Rohingyas est positif.
Nous appelons à nouveau à soutenir cette population victime d'un génocide ainsi que le combat des ONG. 

MEMORIAL 98


 


Mise à jour du 27 aout 2018

L'ONU déclare solennellement que la hiérarchie militaire birmane et le gouvernement birman mettent en œuvre un génocide contre les Rohingyas. Il s'agit d'un tournant important qui justifie une mobilisation renouvelée afin de sauver cette population.


Mise à jour du 27 juin 2018 ( voir d'autres mises à jour à la suite de l'article):

C'est la haute hiérarchie de l'armée et de la police qui ont décidé et planifié la répression violente et l'épuration ethnique contre les Rohingyas. C'est ce montrent des rapports très documentés de Amnesty international et de l'Union européenne
 

MEMORIAL 98 



Mise à jour du 19 mai 2018
 L'horreur des viols de guerre


Neuf mois après le début de la grande campagne de l'armée birmane contre les Rohingyas, qui a provoqué l'exode massif au Bangladesh voisin, les camps de réfugiés se préparent avec anxiété aux naissances d'enfants issus de viols de soldats.
Dans ces cités de tentes, soignants et volontaires rohingyas sont lancés dans une course contre la montre pour trouver les femmes cachant leur grossesse, par honte de l'opprobre. Ce phénomène est très habituel dans les suites des viols de guerre et il est d'ailleurs voulu par les bourreaux.
Les travailleurs sociaux craignent des abandons de nouveaux-nés et la mort de femmes en couches dans le secret du plus grand camp de réfugiés du monde.
C'est un motif  supplémentaire pour défendre les populations Rohyngias et  condamner leurs bourreaux. 

MEMORIAL 98


 Lors de la visite du pape François en Birmanie, le chef local de l’Église catholique lui a demandé de ne pas utiliser le terme Rohingya, afin de ne pas déplaire aux autorités birmanes. Les chefs de l’armée et les extrémistes rejettent en effet cette dénomination, car elle représente à leurs yeux une reconnaissance de l’existence de cette minorité nationale. Ils ne veulent reconnaître aucun droit collectif à cette population et la rangent dans la catégorie des "étrangers et apatrides", migrants musulmans tout juste arrivés du Bangladesh voisin.

On connaît ce type de mise à l’écart. Lors de nombreux crimes contre l’humanité et génocides, les populations de victimes  ont été d’abord été discriminées, stigmatisées, dépouillées de leurs droits. Elles ont ensuite  été désignées comme étrangères,  ennemies, regroupées marquées et « étiquetées » sous différentes formes.

Quelques jours après le verdict du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie qui a condamné le général Mladic à la prison à perpétuité pour génocide (Srebrenica) et crimes de guerre et crimes contre l’humanité (notamment lors du siège de Sarajevo) la mise en œuvre d’une « épuration ethnique » des Rohingya est évidemment niée par ceux-là même qui la mettent en œuvre.  

Ainsi le chef de l'armée birmane, Min Aung Hlaing, accusé de diriger la campagne de "nettoyage ethnique" envers les Rohingya, a-t-il déclaré au pape, selon un message sur Facebook diffusé par ses services : 
"La Birmanie n'exerce aucune discrimination religieuse" et "De même, notre armée (...) agit pour la paix et la stabilité du pays".
 ˝Mettez fin au nettoyage ethnique des Rohingya˝.


Une photo accompagne ce message d'Amnesty International. Des hommes, des femmes, des enfants, dépenaillés, des regards apeurés. Une femme piétine, un bébé dans les bras. Les hommes portent sur leurs épaules des ustensiles dérisoires et pourtant indispensables. C'est la saison des moussons. Épuisés, ils errent dans la boue.

Minorité persécutée, peuple oublié, épuration ethnique, recherche des mots pour le dire et pour évoquer cette minorité que sont les Rohingya, population musulmane du nord de la province birmane d'Arakan, située à la frontière du Bangladesh. Plus de 600 000 d'entre eux ont été contraints de fuir dans ce dernier. L'armée a mené une campagne d’assassinats, de viols collectifs, d'incendies, afin de les terroriser. 

Qui sont les Rohingya ?
Le terme même de Rohingya est contesté et son utilisation politiquement connotée. Pourtant, dès 1798, un géographe et botaniste écossais, Francis Buchanan-Hamilton écrivait à propos des langues parlées en Birmanie : ˝un peuple nommé Rooinga vit dans le Nord de l'Arakan”. Le mot signifie “'habitant du Rohang”, nom donné anciennement à l'Arakan par les musulmans de ces régions. Cette dénomination a été abandonnée, puis reprise en 1970, par des activistes ˝Rohingya˝. Ces derniers désirent forger une identité singulière et contrer le terme de˝ Bengali”  expression que les Birmans utilisent comme une injure à leur égard.  

Rohingya signifie ˝habitant de l'Arakan˝ dans la langue indo-européenne qui est celle de ce peuple. Les premiers Rohingya sont les descendants lointains de commerçants bengalis. Leur présence en Arakan est antérieure au VIIIe siècle. 
Ils ont été, au cours des siècles, mêlés aux populations de la région:  arabes, mongols, turcs, bengalis voire portugais. Ils se sont convertis, tardivement, à l'Islam, au XVème siècle, par l'intermédiaire des Routes de la soie. À l'époque la région était un État vassal du Bengale.

Une discrimination incessante

Au XVIII siècle, les Rohingya sont victimes de nombreuses attaques de la part des soldats birmans. Vingt mille personnes sont emmenées comme esclaves ou brûlées vives. Ceci explique le soulagement avec laquelle les Rohingya ont accueilli l'occupation britannique en 1826 pendant laquelle ils retrouvèrent une certaine liberté culturelle et même politique.

Les guerres anglo-birmanes (1824-1826,1852 et 1885) ont opposé la Birmanie aux forces britanniques établies en Inde voisine. Les Rohingya servent alors de supplétifs dans l'armée britannique. Ils sont alors considérés comme des traîtres par les indépendantistes birmans.
Durant la 2e guerre mondiale ils subissent les massacres de l'armée japonaise  avec des centaines de morts en 1942, provoquant déjà la fuite vers l'Inde de 22000 habitants.

Après la Seconde guerre mondiale, par peur de se faire persécuter, ils soutiennent de nouveau les Anglais face aux Birmans.

Indépendance de la Birmanie en 1948

En 1948, la Birmanie acquiert  son indépendance et les Rohingya retrouvent pendant quelques années  une légitimité en tant que minorité nationale, au sein de ce pays qui compte de très nombreuses nationalités

En 1962, lors de l'arrivée au pouvoir du dictateur général, Ne Win, les Rohingya sont plus de nouveau rejetés et persécutés. Pendant toute cette période les autorités chinoises soutiennent fortement le régime militaire.
  
De 1962 à 2012 la succession de juntes militaires entraîne une politique de ˝birmanisation." nationaliste.

Ainsi les Bamars, membres de “l'ethnie” dominante bouddhiste, ne les reconnaissent pas en tant que minorité nationale mais uniquement en tant que pratiquant de la religion musulmane. Ils les considèrent comme des intrus, des immigrés, des étrangers.
C’est cette notion d’ ˝immigrés˝ qui n'a de cesse de revenir comme un fléau, tout au long de l’histoire des Rohyngia.

Une population apatride

En 1982, une loi adoptée par la junte militaire de l'époque a décidé d'octroyer la citoyenneté birmane exclusivement aux populations présentes sur le territoire avant 1823, date de l'arrivée des colons britanniques. Les Rohingya sont ainsi exclus de la liste officielle recensant les 135 minorités nationales et sont privés des droits les plus élémentaires. Leurs déplacements sont étroitement contrôlés, leurs terres confisquées, leur droit à fonder des familles mis en cause. Ils sont soumis à toutes sortes de brimades de la part d'une administration qui les méprise
On estime cette population à un million. 
C'est un chiffre approximatif, car ils ne sont pas recensés, preuve qu'on ne les considère pas comme appartenant à la population ni même existant en tant qu'êtres humains.
Pas de nationalité, pas de recensement, persécutions,  tel est le destin de cette population depuis soixante dix ans.

Un peuple persécuté

Les Rohingya, considérés comme des migrants illégaux venus du Bengladesh, vont subir des persécutions sans précédent

Au mois d'octobre 2015, le gouvernement birman organise des élections législatives, en dépit des violences et des milliers de Rohingya déplacés dans des camps. Les musulmans Rohingya sont privés de liberté de mouvement, d'éducation, de soins et donc de vote. Ils sont déjà au moins cent vingt mille entassés dans de sordides camps de tôles et de bâches aux portes de Sittwe, la capitale de l'État de Rakhine (Arakan).

Face à ces violences, s'est constituée ˝l'Armée du salut des Rohingya de l'Arakan˝ (Arsa)
Le 25 août 2017, plusieurs centaines de ses hommes ont attaqué des postes de police, ce qui a provoqué une répression sanglante par l'armée birmane. 600000 femmes, hommes et enfants ont fui vers le Bangladesh. Ils y vivent parqués dans des campements insalubres.
Des villages sont brûlés en représailles. ˝Partez !" vous avez une minute pour quitter le village ! "Partez où vous allez tous mourir˝. Ce sont les ordres donnés par l'armée birmane à ceux qui ont la chance d'avoir entendu cet avertissement et qui ont pu quitter la Birmanie. Les exécutions,  viols et incendies sont pratique courante comme le montrent notamment les rapports des ONG et de l’ONU.
Pieds nus, sans bagages, les Rohingya fuient vers les pays voisins où ils sont cloîtrés depuis dans des conditions inhumaines.

La dame de Rangoon

Depuis l'automne 2015, suite au scrutin législatif, la “Ligue Nationale pour la Démocratie˝ (LND) le parti d'Aung San Suu Kyi a remporté une large victoire. Elle est l'icône de la résistance à l'oppression de la junte. Trente ans de lutte. Vingt ans en résidence surveillée. Prix Nobel de la paix en 1991.
Pourtant depuis ce 25 août, par son silence, elle a semblé soutenir l'armée. Certains l'excusent en prétendant que sa marge de manœuvre est fragile. Elle doit composer avec les militaires qui conservent 25% de sièges du Parlement et des postes clés comme le ministère de la défense. Ils disposent ainsi d’un grand pouvoir de décision.
Mille morts et quatre vingt mille déplacés. La communauté internationale, elle, estime qu'il y a crime contre l'humanité. Aung San Suu Kyi se tait et n'entreprend aucune action pour défendre les Rohingya. Elle sacrifierait leur sort pour préserver la fragile démocratie.
Onze prix Nobel ont fait part de leurs inquiétudes. La jeune prix Nobel de la paix en 2014, Malala Yousafzai critique son homologue, la dirigeante birmane, pour sa gestion du drame de la minorité des musulmans Rohingya en Birmanie, prenant la tête des protestations internationales.
˝Chaque fois que je regarde les informations, j'ai le cœur brisé face aux souffrances des musulmans Rohingya de Birmanie", écrit la jeune Pakistanaise sur son compte Twitter, suivie par près de 850.000 personnes. "Ces dernières années, je n'ai cessé de condamner le traitement honteux dont ils font l'objet »





Les paroles et les actes
Depuis le début de la crise et surtout depuis l’alerte lancée par les ONG et les médias internationaux, l’ONU, le pape, les gouvernements multiplient les prises de position. Mais cela ne débouche pour l’instant sur aucune mesure concrète. Or l’ONU a prouvé à maintes reprises son manque d’engagement pratique afin d’imposer le sauvetage et la mise à l’abri des populations menacées. Les exemples en sont malheureusement nombreux, de la Syrie à la Bosnie et du Rwanda au Sri-Lanka.
De même, peut-on croire à des accords de rapatriement de centaines de milliers de réfugiés du Bangladesh vers la Birmanie, alors que leurs droits élémentaires voire leur existence même n'y sont toujours pas reconnus?   
C’est donc par la mobilisation des opinions publiques et le soutien aux actions d’ONG telles Amnesty International et Human Rights Watch que nous pouvons agir afin d’empêcher l’épuration ethnique des Rohingya. Le cortège de massacres et de viols qui accompagne cette épuration nécessite l’urgence. 

Ne laissons se produire de nouveaux crimes contre l'humanité !
MEMORIAL 98
 EL et AH

˝Birmanie, le pouvoir des moines."
Un documentaire sur la chaîne Public Sénat, diffusé le 7 octobre 2017.

La Birmanie compte un taux très élevé cinq cent mille moines bouddhistes pour 50 millions d’habitants . En principe, ils ne s'occupent pas de politique mais sont chargés de promulguer la religion bouddhiste. Soit de manière éducative, soir de manière prosélyte et autoritaire.
Il existe des groupes bouddhistes plus radicaux qui mènent ouvertement campagne contre la communauté musulmane des Rohingya. En réalité le nationalisme bouddhiste occupe une place centrale dans la vie politique en Birmanie. Les réseaux sociaux sont un excellent conducteur de haine. L’objectif que se fixent tous les moines bouddhistes radicaux de Birmanie est de supprimer la communauté musulmane de l'Arakan c’est à dire la population Rohyngia.

Deux groupes sont particulièrement actifs:
˝Union des moines bouddhistes patriotiques˝
Uthu-sai- Tha fondateur de l'Union des moines bouddhistes patriotiques en est le secrétaire.
 Selon eux il s'agit d'empêcher les musulmans d'envahir le territoire birman et de venir dominer la religion bouddhiste. Ces moines estiment leur religion et leur culture menacée. Ils craignent de perdre de perdre l'identité birmane. Ce groupuscule d'à peine cent militants joue un rôle important dans le nationalisme birman. Ils mènent des actions spectaculaires et médiatiques. La foule entonne leurs slogans avec ferveur lors de meeting ou de manifestations dans les rues.
 Un seul combat : les empêcher de prendre l'Arakan pour en faire un état musulman et l'étendre à tout le pays. Ces groupuscules cultivent la peur du ˝migrant˝ et les sentiments anti musulmans, déjà profondément ancré dans les mentalités. Cette notion n'a de cesse de revenir à la surface comme une ˝tare˝.
Le gouvernement de Aung San Suu Kyi a suggéré un compromis entre Rohingya et birman, Le gouvernement birman, a considéré qu'il s'agissait d'un affront. Aung San Suu Kyi est accusée de vouloir un gouvernement musulman.
En 2015, généraux et groupuscules nationalistes ont crée une loi pour la protection de la race et de la religion.
Plus encore que la religion et la culture, le racisme est revendiqué haut et fort par des groupes extrémistes autour de l'identité nationale. C'est une victoire politique des moines les plus radicaux

Le Ma Da Tha ˝Pas de métèques au gouvernement˝.
C'est le groupe nationaliste le plus influent, protégé par les militaires. Populisme et discours antimusulmans triomphent. Ces derniers sont ainsi désignés : ˝ Ceux qui ont les dents longues, de la barbe, des grands yeux, la peau sombre…  Ils pillent nos ressources,  boivent notre eau, harcèlent  nos enfants. » Ces slogans ont un impact fort dans les zones rurales.  

Mise à jour du 6 mars 2018:
Six mois après le début d'une vaste campagne de répression, l'armée birmane poursuit ses exactions dans les zones rohingya: assassinats, viols systématiques, destruction de la nourriture. Il s'agit toujours de terroriser la population et de la pousser à fuir au Bangladesh. L'accord signé par le gouvernement  birman et qui devait prétendument organiser le retour des Rohingyas dans leurs villages se révèle être un leurre sanglant.
La population rohingya a plus que jamais besoin de notre soutien; faisons connaître leur sort.

MEMORIAL 98



Mise à jour du 14 décembre 2017:
 

L’organisation Médecins sans frontières est la première à publier une évaluation du nombre de victimes de la répression subie par les Rohingya en Birmanie. Selon l’ONG, la mortalité au sein de cette minorité a subi un pic brutal dans les semaines qui ont suivi l’attaque, le 25 août, par l’Armée du salut des Rohingya d’Arakan de plusieurs postes de police. Cette attaque a donné le prétexte à une vague de violences venant de l'armée. MSF estime qu’au moins 6700 civils Rohingya, dont 730 enfants de moins de 5 ans, ont été tués dans le mois qui a suivi ces événements.

Cette évaluation, volontairement modérée, se base sur une étude de mortalité réalisée auprès de 2 434 foyers, représentant 11 426 individus parvenus dans les camps de réfugiés de l’autre côté de la frontière, au Bangladesh. « Notre chiffre est clairement sous-estimé car il n’inclut pas les ménages totalement exterminés ni les populations restées au Myanmar [nom officiel de la Birmanie]. Nous n’avons pu interviewer que les survivants qui sont parvenus jusqu’aux camps », dit le docteur  Grellety, qui a travaillé sur le terrain.

MSF souligne que la méthodologie est particulièrement prudente afin d’être indéniable. 
"Nos conclusions permettent de décrire la situation de manière objective, on peut parler de nettoyage ethnique. »
Parmi ces morts violentes, 69,4 % des individus ont été abattus à l’arme à feu et 8,8 % ont été brûlés vifs (14,8 % pour les enfants de moins de 5 ans), la plupart du temps dans leurs maisons. 5 % ont été battus à mort et 2,6 % sont décédés du fait de violences sexuelles, d’autres encore ont marché sur des mines antipersonnel.
Plus de 646 000 personnes ont franchi la frontière depuis août. Il ne reste qu’un tiers de la population Rohingya dans l’État de Rakhine, dont beaucoup sont dans des camps de déplacés depuis de précédentes vagues de violence. Comme d’autres ONG, MSF demande un accès sans restriction à la zone, le nord de l’État, mais les autorités acceptent uniquement de travailler avec la Croix Rouge birmane.

Nous appelons à nouveau à soutenir la population Rohingya et le combat des ONG.


MEMORIAL 98












lundi 13 novembre 2017

Déferlement fasciste à Varsovie: alerte!



                                                  La marche nationaliste de Varsovie


Mise à jour du 10 novembre 2018: 

La manifestation fasciste du " Camp national radical" aura lieu à nouveau demain, malgré la décision de la municipalité de Varsovie qui s'y opposait. Un tribunal a autorisé la marche, qui se déroulera en plein centre, à l'occasion du centenaire de l'indépendance polonaise. L'an dernier elle avait donné lieu à une parade d'extrême-droite violente ( voir ci-dessous) 

MEMORIAL 98 

C’est un événement gravissime qui a lieu à Varsovie le 11 novembre.

A l’occasion de la fête de l’indépendance polonaise, des dizaines de milliers de personnes ont participé à une marche nationaliste, à l’appel de l’extrême droite.
Cette marche était organisée par une structure nommée « Camp radical national » (ONR en polonais) qui se présente comme l’héritière d’une organisation fasciste du même nom des années (19)30. Cette dernière voulait alors « débarrasser la Pologne des ses Juifs », ouvrant ainsi la voie à la violence antisémite qui se déchaîna durant et après la guerre.

Ils soutiennent que «l’arrivée de réfugiés syriens en Europe fait partie d’une conspiration menée par des financiers juifs, qui travaillent avec les communistes de l’Union européenne pour amener des musulmans en Europe et, avec, la charia et l’homosexualité." Ce groupe a régulièrement organisé des événements pour commémorer favorablement le pogrom du mars 1936 contre les Juifs de Przytyk.

Les co-organisateurs de la marche, la « Jeunesse de la Grande- Pologne », utilisent également le nom d’un groupe antisémite des années 30. Dans la foule, on pouvait également voir des bannières réutilisant un symbole fasciste (« falanga ») des mêmes années 30.
Le rassemblement se tenait sous le mot d’ordre officiel « Nous voulons Dieu »,  expression rappelant un chant catholique polonais, interprété aujourd’hui comme un rejet de l’islam, auquel  Donald Trump avait fait référence en juillet, lors d’une visite à Varsovie. Le président américain avait alors félicité la Pologne pour sa défense « de la civilisation occidentale ».

 Les manifestants ont scandé samedi des slogans appelants à la violence et à la xénophobie, tels que « La Pologne pure, la Pologne blanche », ainsi que « Pas de Pologne islamiste, pas de Pologne laïque, mais une Pologne catholique  »   « Foutez le camp avec vos réfugiés »… « Dieu, honneur et patrie »… « Du sang propre »



Cette tonalité catholique intégriste et guerrière n’a pas empêché que participent également à la manifestation des groupes fascistes « païens ». Mais elle témoigne du rôle particulier de l’Église catholique polonaise et notamment de courants ultra-réactionnaires regroupés autour de radio Maryja, dirigée par un prêtre antisémite, le père Rydzyk. Celui-ci dispose d’un pouvoir important grâce à ses nombreux médias ainsi qu’au soutien constant du parti PiS au pouvoir pour lequel il fait campagne.
Une fois de plus les mots d’ordre et les thèmes anti-migrants, islamophobes et antisémites se sont mêlés, montrant ainsi la matrice commune des haines de l’Autre et l'utilisation qui en est faite par l'extrême-droite. Un slogan relevé dans la marche établissait d'ailleurs explicitement le lien en proclamant: " Prions pour un Holocauste des musulmans" 


                                            " Non à l'Islam en Pologne"

Cette marche inaugurée en 2009 et réputée comme le plus grand événement fasciste et nationaliste d’Europe, a rassemblé des participants venus de divers pays européens.
 Les fascistes polonais s’appuient sur les succès récents de leurs congénères: en Allemagne avec la poussée électorale récente du parti AfD, anti-migrants, mais aussi largement imprégné d'antisémitisme et de négationnisme et en Autriche où le parti d'extrême-droite FpÖ vient de remporter une double victoire. Il s'agit de son score de 26% des suffrages, mais aussi de la reprise de ses thèmes racistes par le parti de droite conservateur avec lequel il va sans doute gouverner.
En Hongrie, en Tchéquie depuis les élections du  21 octobre, l'extrême-droite gouverne. 
La marche polonaise du 11 novembre  est devenue l’une des grandes démonstrations de l’extrême droite en Europe, attirant du même coup l’attention des mouvements similaires. Une participation saluée par certains des orateurs à l’origine du rassemblement, qui ont martelé que « la culture chrétienne est supérieure à la culture islamique ».

Leur proximité avec des idées liées aux suprémacistes blancs était omniprésente  Une prise de parole du leader américain du mouvement suprématiste blanc, Richard Spencer, responsable de la manifestation sanglante de Charlottesville  était même prévue, puis annulée au motif que l’homme ne doit pas apparaître publiquement.


Le gouvernement en place du PiS a soutenu la manifestation et s’est félicité de son succès. Ainsi le ministre de l’intérieur Mariusz Blaszczak a déclaré: « C’était magnifique. Nous sommes fiers qu’autant de Polonais aient décidé de participer à une célébration entourant le jour d’indépendance de la Pologne »
Il faut saluer les participant.e.s de la contre-manifestation qui avait lieu au même moment. Des ultra-nationalistes ont frappé plusieurs femmes qui scandaient des slogans antifascistes. Ils montraient ainsi leur proximité avec les mesures qui portent atteinte aux droits des femmes de Pologne et qui ont donné lieu à de très importantes manifestations ces dernières années. 
Face au déferlement du 11 novembre à Varsovie, les instances de l'Union européenne détournent les yeux. 
Il revient aux anti-fascistes de prendre la mesure de ce qui vient de se passer et de soutenir par tous les moyens le combat des démocrates et des anti-racistes de Pologne. 
MEMORIAL 98


jeudi 31 août 2017

Kemi Seba: retour sur la scène française d'un imposteur néo-nazi.


Faut-il encore présenter Kemi Seba ?
Oui sans doute puisque certains médias n'ont pas jugé utile de le faire ces derniers jours, en évoquant son " action" contre le franc CFA qui lui a valu quelques jours d'emprisonnement, avant une relaxe. Dans le journal 20 minutes, par exemple,  Kemi Seba est ainsi décrit comme un "polémiste français" dans une courte dépêche qui ne dit absolument rien de la nature des "polémiques" en question. 

Le Monde a choisi une démarche un peu plus "équilibrée": publier le 22 août une très juste tribune pointant l'imposture  représentée par Seba et son courant et la manière dont il instrumentalise et récupère la lutte contre le franc CFA . Mais quelques jours plus tard, une seconde tribune est publiée, qui prend la défense de Seba et le présente en résumé comme un "symbole" de la jeunesse africaine.

Dans le même temps, sur les réseaux sociaux français, certains groupes se présentant comme "anti-racistes" reprennent la vieille rengaine développée dans les années 2000 : il faut soutenir Kemi Seba, ne pas se préoccuper de ce qu'il est et de ce qu'il fait réellement, puisqu'il incarnerait la résistance au néo-colonialisme, et que toute contestation de ses idées serait une soumission à l'ordre blanc et néo-colonial. 

Mais qui est Kemi Seba ? La réponse est simple, puisque lui-même l'a toujours revendiqué sans fards. Kemi Seba, contrairement à Dieudonné, n'a jamais cherché à ergoter sur ses opinions politiques: là où Dieudonné a cherché pendant des années à se présenter comme "antisioniste" et à nier les accusations d'antisémitisme, Kemi Seba inaugure sa carrière de néo-nazi médiatique en organisant un pogrom symbolique rue des Rosiers, qu'il présente d'emblée comme une chasse aux "sionistes", dans le contexte de l'assassinat antisémite d'Ilan Halimi par  Youssouf Fofana et ses complices.

D'emblée, chez lui, la soupe clinquante qu'il présente comme du "pan africanisme" ne présente guère d'importance: lui même lui en accorde si peu, qu'il passera du "kémitisme" dénonciateur des "blancs" et des "arabes" assorti de références à la gloire de l'ancienne Egypte à une conversion à l'islam et à un changement de nom, avant de revenir en arrière.

Le seul point dont il ne déviera jamais est l'alliance avec l'extrême-droite européenne: dès ses débuts, il se mettra ainsi en scène avec des groupes néo-nazis, vantant les suprémacistes blancs comme les seuls alliés possibles, affirmant qu'après tout Hitler était mieux que Napoléon et que le nazisme eut l'avantage de "donner du travail aux Noirs enrôlés dans les armées pour le combattre".

Lorsqu'il créera le MDI ("mouvement des damnés de l'impérialisme"), il le fera avec des négationnistes assumés comme Serge Thion ou Ginette Skandrani.
C'est aussi au sein de cette officine qu'un certain "Siddiq Seth" s'affirmera comme l'animateur de la branche "pan-arabe". On le retrouvera quelques années plus tard , après un passage comme garde du corps aux côtés de Dieudonné, comme nervi de choc des milices pro-Assad en Europe notamment lors d'une attaque à Genève contre des opposants syriens.

Kemi Seba lui-même ne cache pas son allégeance à l'internationale de la haine, structurée autour du soutien à Poutine : le 27 avril dernier il déclarait ainsi sur Facebook : "On veut des alliés (bien que l'on ne les idéalise pas loin de là ) tels la Russie de Poutine, la Corée du Nord, Cuba, l'Iran, le Venezuela de Maduro (actuellement attaqué par la puissance ultra libérale américaine) ou l'Argentine révolutionnaire de Pedros Piscay. 
On veut des régimes pour qui le souverainisme est une OBSESSION." De la même manière, il présente la victoire de Donald Trump comme une bonne nouvelle pour plusieurs raisons: parce qu'il est homophobe et anti-mondialiste et qu'il a dégagé la candidate du "système" et de l'"oligarchie" mais aussi parce qu'il est raciste , et que le déchaînement de violence des suprémacistes blancs réveillera les noirs américains un peu trop mous à son goût.


Kemi Seba est donc un fasciste raciste assez classique, aussi clair et violent qu'un Serge Ayoub. La petite différence est qu'il a joué sur la dénonciation des "blancs" ou même des "leucodermes" , pour reprendre les termes de ses débuts. Avec une certaine intelligence, puisque cela a conforté d'autres racistes qui croyaient tenir en sa personne , un exemple du "racisme anti-blancs", tant dénoncé par l'extrême-droite. Souvent Seba a d'ailleurs été attaqué sur cette base, bien plus que sur celle de son antisémitisme bien réel. En effet, pour ce qui est du "racisme anti-blancs", ses complicités néo-nazies démontrent, si besoin était, à quel point il n'en était pas question.

Or l'antisémitisme n'est pas seulement un racisme "parmi d'autres", il structure aussi globalement des analyses du monde, où de toute façon, le racisme contre tous est forcément essentiel. 
Ainsi Kemi Seba ne s'est jamais privé d'exprimer sa violence aussi contre les racisés qui ne rejoignaient pas le camp fasciste, les présentant comme des "idiots utiles" du "complot sioniste", dont il voit aussi les effets dans les combats progressistes et antiracistes: il emploie par exemple le mot "macaque " sans complexes notamment en 2007 dans une conférence où il déclare "Je rêve de voir les Blancs, les Arabes et les Asiatiques s'organiser pour défendre leur identité propre. Nous combattons tous ces macaques qui trahissent leurs origines, de Stéphane Pocrain à Christiane Taubira en passant par Mouloud Aounit".
Il a été l'auteur de charges violentes contre les luttes de l'immigration, une de ses obsessions puisqu'il y a quelques semaines encore, il illustrait une de ses diatribes contre l'extrême-gauche par une photo de manifestation de travailleurs sans-papiers .

Quant à la question des luttes contre le franc CFA qui se développent dans plusieurs pays et rallient effectivement de nombreuses catégories sociales, dans un contexte de luttes et de grèves importantes contre l'exploitation, elle ne peut être invoquée comme justification à la défense de Kemi Seba que par des anti-colonialistes de façade.

Leur traitement par une partie de la presse française en témoigne: que représente la dérisoire et symbolique action menée par Kemi Seba , brûler un billet de banque ? Pas grand-chose au regard des combats réels, menés par des anonymes qui n'ont pas ce privilège. et se voient associés à un fasciste notoire. Une des seules forces de Seba est en effet son travail de propagande et d'auto-promotion sur internet, ainsi que le soutien d'une partie  de l'extrême-droite européenne .

Une nouvelle fois, les mêmes mécanismes dus a minima à la paresse intellectuelle de certains médias généralistes comme à leur goût pour les "provocateurs" qui font vendre amène à lier des luttes légitimes et les pires imposteurs racistes, complices des dictatures les plus acharnées contre leurs populations. Cela a été le cas pour Dieudonné et les luttes palestiniennes, seule la complaisance la plus coupable avec l'extrême-droite pourra amener à ce que les choses se reproduisent.

MEMORIAL 98 

Mise à jour du 8 février 2019: Kemi Seba avec le gouvernement italien


Voici à nouveau Kemi Seba, cette fois-ci dans le rôle de conseiller du gouvernement d'extrême-droite italien.
Les attaques de Luigi Di Maio contre le rôle de la France en Afrique à travers le Franc CFA sont directement inspirées par lui. En effet Seba a été reçu en septembre 2018 par les dirigeants du parti M5S ( mouvement cinq étoiles ) et leur a transmis ses éléments de langage, comme il s'en vante lui-même.
Cela aboutit au spectacle pervers d'un Di Maio qui gouverne avec le fasciste Salvini et qui prétend dénoncer la politique néo-colonialiste de la France. Il s'agit de leur part d'un discours cynique alors même que le cœur de leurs campagnes et de leur politique est dirigée contre les migrants africains qu'ils maltraitent et rejettent en assimilant les ONG qui les sauvent à des passeurs et en criminalisant les municipalités qui les accueillent telle celle de Riace et de son maire Domenico Lucano.
Seba réalise une fois de plus une alliance avec l'extrême-droite nationaliste et rend un fort mauvais service au combat contre le néo-colonialisme en France et en Italie.

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