mercredi 28 octobre 2015

En mémoire de Zyed Benna et Bouna Traoré: morts sans justice




Anniversaire de la mort tragique de Zyed Benna et Bouna Traoré, victimes de la traque policière puis de la négligence des ces mêmes policiers, qui savaient pourtant que ces jeunes étaient en danger de mort. C'est à eux, à leurs familles, à leurs amis et à la population de Clichy-sous-Bois et de Montfermeil que vont nos pensées.

Et pourtant un certains nombre de médias choisissent de parler essentiellement "d'émeutes" et de violences qui ont suivi leur mort.

27 octobre 2005, Clichy-sous Bois (Seine-Saint-Denis): Zyed Benna, 17 ans, et Bouna Traoré, 15 ans, meurent électrocutés après que la police les ait poursuivi. Le ministre de l'Intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy, prétend que les enfants auraient volé sur un chantier. Accusation fausse et infamante. Cette accusation, qui transforme Zyed et Bouna en délinquants, est colportée jusqu'à ce jour par la propagande d'extrême-droite, après avoir été reprise par le très sarkozyste Estrosi

La veille de ce jour, le 26 octobre, le même Sarkozy avait évoqué  à Argenteuil les "racailles"
des quartiers, quelques mois après avoir menacé de nettoyer "au Karcher" la cité des 4000 de la Courneuve. Il préparait déjà sa campagne présidentielle de 2007 et  la course à l'électorat  du Front National, en reprenant les thèmes de ce dernier.
Le ministère de l'"Identité nationale" était à l'horizon de ce quinquennat qui se termina par une campagne encore plus raciste

Les amis des adolescents, leurs voisins et plus globalement la jeunesse des quartiers populaires, répondirent par des manifestations qui, comme une traînée de poudre solidaire, se propagèrent à des dizaines de villes. Ces manifestations témoignaient de l'immense sentiment de discrimination que ressentent les habitants de ces quartiers, victimes du racisme et des violences policières et subissant de plein fouet les inégalités sociales.

A Clichy-sous-Bois et dans la ville limitrophe de Montfermeil, les forces de police brutalisaient les habitants et ceux qui tentaient de rétablir le calme. Le 30 octobre une grenade lacrymogène d'origine policière explosait à proximité de la mosquée des Bosquets de Clichy-sous-Bois, en plein mois du Ramadan.

Le gouvernement Chirac-Villepin-Sarkozy décrète l'état d'urgence. Plus de 6.000 personnes sont interpellées, 30 communes instaurent un couvre-feu.

Dix ans après, le 18 mai 2015, la justice a relaxé en appel les policiers qui avaient poursuivi Zyed Benna, Bouna Traoré et Muhittin Altun (grièvement blessé dans les mêmes circonstances). Ils ont été acquittés et ne sont responsables de rien.

La rage demeure. Dans ce contexte, la récente décision gouvernementale de contester la condamnation  de  cinq contrôles d'identité "au faciès"  en se pourvoyant en Cassation représente une violence supplémentaire.
Comme le déclare un des avocats de ceux qui avaient gagné en appel: « C’est une manière de dire que les règles d’égalité et de non-discrimination ne s’appliquent pas à la police. Pour les jeunes que nous défendons, c’est une preuve de plus qu’ils vivent dans un système ségrégationniste et que la gauche choisit de le perpétuer "
 De plus, cette décision est contraire aux engagements de François Hollande durant la campagne présidentielle de 2012, qui avait promis de mettre fin à ces contrôles discriminatoires.

Le combat continue pour l'égalité sociale, contre le racisme et les discriminations, en mémoire aussi de tous les jeunes victimes de violences policières. 

Actualisation du 27 juin 2016 :

La relaxe des deux policiers poursuivis pour non-assistance à personne en danger a été confirmée le 24 juin par la cour d’appel de Rennes. Depuis une décennie et une procédure interminable, la justice s’échine à nier toute responsabilité de ces policiers.  L’un des avocats de la partie civile annonce d’ores et déjà un pourvoi en cassation.
Nous soutenons la poursuite de ce combat  pour la justice.

Memorial 98


Actualisation du 18 mai 2016

Coïncidence des dates: deux jours avant la manifestation d'organisations policières, le tribunal de Rennes a totalement relaxé les deux policiers impliqués dans la mort de Zyed et Bouna.  Le tribunal de Rennes a rendu son jugement lundi 16 mai, et suivi les réquisitions du parquet qui réclamait la relaxe des deux policiers poursuivis dans cette affaire, pour non-assistance à personne en danger.
Le tribunal a décidé que les deux policiers n’avaient pas connaissance d’un danger « certain et imminent » pour les jeunes quand ils ont quitté les lieux. Les adolescents de 15 et 17 ans se trouvaient pourtant à l’intérieur du transformateur, mais les agents ont toujours affirmé avoir ignoré cette information au moment des faits.

La conséquence de ce jugement est très concrète: la relaxe écarte en effet tout versement de dommages et intérêts aux familles des deux victimes et à Muhittin Altun, gravement blessé. Le président du tribunal a estimé que le traitement politique et médiatique des événements avait « considérablement alourdi la souffrance des familles », mais que, comme ce dommage n’était pas imputable aux personnes poursuivies, leur requête était irrecevable.

Une fois de plus c'est l'injustice qui triomphe. Elle nourrit l'exclusion et la marginalisation des victimes de violences et  des habitants des quartiers populaires.

Memorial 98

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