dimanche 27 septembre 2015

Grèce: un ministre antisémite et homophobe nommé puis expulsé par Tsipras.



Dans le nouveau gouvernement grec d'Alexis Tsipras formé le 21 septembre , une nomination ministérielle a déjà fait déjà scandale et à conduit à un limogeage express en raison des propos antisémites d'un des ministres. Il s'agit de Dimitris Kammenos député du parti souverainiste de droite ANEL, membre de la coalition, désigné comme ministre délégué aux infrastructures et au transport et "démissionné" en  24h  .

Kammenos est ouvertement antisémite, même s’il prend soin de  rester à la limite de ce que les lois punissent en Grèce. Ces lois, un peu améliorées en 1979,  demeurent  particulièrement laxistes en matière de négationnisme, ce qui a permis aux divers néo-nazis dont ceux du parti Aube Dorée d'échapper à des condamnations dans ce domaine.

 Deux exemples ont particulièrement choqué. En 2013, Kammenos  avait  diffusé  la rumeur antisémite et complotiste bien connue à propos des attentats du 11 septembre à New York: " n’oubliez pas; aucun juif n’est allé au travail le 11 septembre 2001 alors que 2 500 d’entre eux étaient employés au World Trader Center”, ce qui laisse entendre que les "Juifs" sont responsables de cet attentat.

Il a poussé  la provocation en juin dernier jusqu’à utiliser une photo d’Auschwitz (voir illustration de l'article) pour comparer la zone euro à ce camp nazi d’extermination de Juifs durant la seconde guerre mondiale. Il avait réalisé un photomontage  remplaçant le sinistre " Arbeit Macht Frei" par "We stay in Europe (nous restons en Europe)".  Face aux protestations, il avait confirmé en indiquant qu'à ses yeux la comparaison était justifiée puisqu'il s'agissait d'un "Holocauste" économique

Connu aussi pour ses positions homophobes, il s’est notamment opposé très brutalement, par le biais des réseaux sociaux, à la Gay Pride.

Dès les premières protestations contre sa nomination, Kammenos  a utilisé  les prétextes habituels dans ces cas. Il a ainsi soutenu que son compte Twitter avait dû être piraté  et a même publié un communiqué dans lequel il condamne “le racisme, l’homophobie et l’antisémitisme”.

Kammenos a été éjecté en 24h mais on ne peut que s'interroger sur le fait même qu'il ait pu être nommé au gouvernement. Son antisémitisme était bien connu, dans un pays dont le troisième parti en terme de députés est Aube Dorée (néo-nazi) et dans lequel la hiérarchie religieuse orthodoxe, particulièrement puissante et dotée de prérogatives officielles, diffuse des thèmes antisémites et négationnistes.
L'ensemble du parti ANEL, associé de la coalition Syriza,  défend des positions réactionnaires notamment dans le domaine de l'"Identité nationale" et des libertés. La présence de ce parti dans les gouvernements Tsipras successifs depuis janvier 2015 représente un facteur particulièrement négatif. 

 
La communauté juive de Grèce compte aujourd'hui quelque 6000 personnes. Environ 55 000 de ses membres, qui vivaient principalement à Thessaloniki (Salonique), ont été massacrés durant l'occupation nazie.
Salonique, que l’on nommait la « Jérusalem des Balkans », capitale du judaïsme sépharade, comptait plus de  55000 Juifs avant la Shoah ; 54000  furent expédiés dans les camps d'extermination nazis. Près de 98 % de la population juive totale de cette ville connut ainsi la mort durant la guerre. Cela n'empêche pas le Métropolite Anthimos (évêque orthodoxe) de Salonique de faire des déclarations antisémites.
 
Une partie de la gauche grecque est contaminée par la tradition antisémite en vogue dans son pays. Elle ajoute à sa condamnation de la politique des gouvernements israéliens des considérations relevant de l'antisémitisme.
Ainsi le compositeur  Mikis Théodorakis  a plusieurs fois dérivé dans cette direction.   Dès 2003, lors d’une conférence de presse, il avait  déclaré : « Aujourd’hui, nous pouvons dire que ce petit peuple (juif) représente la racine du Mal. Il se croit très important et est très entêté ».  Depuis, Théodorakis persiste dans la même veine.

L'affaire Kammenos, survient 3 mois après le cas de Guillermo Zapata, élu à la municipalité de Madrid avec  liste de la coalition citoyenne soutenue par Podemos, limogé après la découverte de  messages antisémites et négationnistes postés sur son compte Twitter et dont nous avons fait état dans ces colonnes. Elle sonne comme un avertissement très grave, montrant au sein de partis de gauche, une tolérance inexcusable à l'égard de positions antisémites. Un "ménage" et une vigilance approfondie sont nécessaires afin de combattre ce fléau.    




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