dimanche 26 juillet 2015

Bikini de Reims: manipulation raciste et campagne islamophobe.





Excitation malsaine: l'affaire dite du "bikini de Reims" a provoqué une flambée de réactions et de commentaires laissant entendre qu'il s'agissait une manifestation d’intolérance islamiste. 

Sans surprise, on note les propos des colporteurs de haine, dont le député Les Républicains Eric Ciotti qui déclare avoir « participé samedi matin au pèlerinage (catholique) de Notre-Dame du Très Haut au Col de la Bonette » et dénonce en même temps une « agression inacceptable par laquelle on veut nous imposer un mode de vie qui n’est pas le nôtre. », ou le vice-président du Front national, Florian Philippot, qui  affirme que la jeune femme a été « lynchée car vivant à la française ! » Il prolonge ainsi la campagne ultra-raciste et antisémite de Marion Maréchal-Le Pen.  Le site d'extrême-droite Boulevard Voltaire titre même: " Reims : un laboratoire de la charia ? " (sic!)

Or le parquet de Reims affirme après enquête que « ni la victime ni les auteures des coups n’ont fait état, lors des auditions, d’un mobile religieux ou d’un mobile moral qui aurait déclenché l’altercation... Les mises en cause sont renvoyées devant le tribunal correctionnel en septembre uniquement pour des violences en réunion ». 

Les violences sont évidemment injustifiables mais la flambée de propos mettant en cause une origine islamiste en dit long sur le poison raciste et islamophobe distillé par ceux et celles qui y trouvent intérêt. C'est d'ailleurs le cas du quotidien local de Reims "L'Union" qui a largement favorisé cette interprétation, avant de revenir en arrière. On notera aussi les propos particulièrement hypocrites du maire " Les Républicains " de la ville, Arnaud Robinet,  déclarant au Monde: "...  Il faut donc faire très attention aux amalgames. Néanmoins, je comprends que cette agression ait pu être interprétée comme telle (islamiste) par la population..." Il attribue donc à la "population" la propagande raciste que lui et son parti diffusent en permanence, notamment par l'appel récent de Sarkozy à "défendre les Églises", prétendument menacées par les musulmans. D'ailleurs les propagandistes du racisme poursuivent leur sale boulot en impliquant que la déclaration du parquet est un mensonge destiné à dissimuler le sens réel de l'agression.
On ne peut qu'être surpris et choqué une fois de plus par la déclaration de Gilles Clavreul, chef de la Délégation interministérielle de lutte contre le racisme et l'antisémitisme (DILCRA), qui tweete 2 messages, laissant entendre qu'il s'agit d'un acte raciste : 
« Agression scandaleuse qui appelle des sanctions exemplaires #Reims », puis, au cas où on n'aurait pas bien compris "Gilles CLAVREUL @GillesClavreul 2/2 Pour une fois silence remarquable des habituels défenseurs de la "liberté vestimentaire" #Reims18:46 - 25 Juil 2015 " Si on comprend bien son propos alambiqué il s'agit de mettre en cause ceux qui refusent de s'en prendre aux porteuses de foulards. Ce "Délégué Interministériel" qui nie l'existence de l'islamophobie n'est décidément pas à sa place et doit partir. Il représente en fait un obstacle à la lutte contre le racisme. SOS Racisme s'est ridiculisé en appelant à un rassemblement pour manifester" en maillot de bain" au parc Léo-Lagrange de Reims et en permettant une accélération brutale à la diffusion de l’histoire sur les réseaux sociaux, via un  hashtag (mot-clé).

Au total une triste histoire de manipulations et de provocations jetées à pleins tonneaux sur les flammes du racisme et de l'islamophobie. Il y en aura d’autres dans la période à venir, au grand bénéfice du Front National. Pour nôtre part, en tant qu'association antiraciste Memorial 98,  nous appelons à poursuivre dans la voie d'un anti-racisme réellement universaliste, qui rejette toutes les discriminations, qui n'hésite pas à nommer et à combattre tous les racismes réellement existants, l'antisémitisme, l'islamophobie, l'homophobie, la discrimination envers les Roms et toute autre manifestation de la barbarie raciste. 

MEMORIAL 98 
 
Actualisation du 9 Septembre 2016:


Le scénario est devenu classique depuis le "bikini de Reims"  : des altercations présentées dans la presse comme liées à un "motif religieux" et impliquant d'une manière ou d'une autre  des personnes catégorisées comme musulmanes suscitent des vagues de réactions politiques et militantes et des dénonciations très orientées, jusqu’à ce que les faits viennent démentir toute l’affaire.

C’est le cas à nouveau dans « l’affaire des shorts » de Toulon.
L’agression d’un groupe de femmes au prétexte qu’elles portaient ce vêtement, le 4 septembre, à Toulon, s’avère dépourvue de connotation religieuse, selon Nice Matin.

Dans ce quotidien régional, l’une des mères de famille agressées le confirme : « Nous n’étions pas en short. Nous étions en tenue de sport. Un premier jeune nous a mal parlé et puis les choses ont rapidement dégénéré alors que nous étions en famille et avec nos enfants. » L’agression reste évidemment intolérable, mais  le motif religieux en est absent.

Pourtant, il n’avait  fallu attendre que quelques heures après la révélation des faits pour voir des réactions, comme cette tribune de la militante islamophobe Céline Pina dans Le Figaro, dénonçant une « police de la vertu islamiste ». Ce qui n’était en fait pas le cas.
Comme elle, divers propagandistes ont lancé une vaste campagne qui amalgamait cet événement regrettable avec le port du burkini, rejoignant ainsi la manipulation mise en place par Sarkozy et ses sbires, avec le soutien et l'appui de Manuel Valls.


Memorial 98


Actualisation 24 avril 2016: 

Une nouvelle affaire du même type à Gennevilliers (92) mais le "bikini" est remplacé par une "jupe" . Des dizaines d'articles et un "buzz" monstrueux suite à une altercation. Le prétexte en aurait été le port d'une jupe par l'agressée. Et on a donc droit à un véritable déluge de commentaires et même une déclaration officielle de la mairie,  amalgamant le voile (bien que la vidéo de la bagarre montre une femme voilée s'interposant) , la jupe, la terreur islamiste...
Or toute cette construction semble imaginaire. La personne mise en cause pour agression nie absolument, face aux caméras, toute connotation en rapport avec le port d'une jupe ou tout autre vêtement. La justice aura à trancher mais on assiste une fois de plus à une véritable bulle de stigmatisation et d'amalgame.

Memorial 98

  

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