vendredi 30 janvier 2015

Critères de recrutement pour les candidats aux municipales : l'exemple d'Asnières

Asnières: une adjointe au maire UMP et un employé municipal tenaient des pages Facebook furieusement antisémites, qu'ils ont fermées quand l'ex-maire PS les a dénoncés.
Au fil de l'article du site Lelab Europe 1, on apprend que ces deux personnes étaient auparavant dans l'équipe de ce même maire PS, avant de tourner casaque pour rejoindre l'UMP, mais aussi qu'ils ont participé à la création d'une antenne des JRE (Journées de Retrait de l'Ecole), le mouvement de Farida Belghoul, sur la commune.

Question simple: sur Asnières, n'y-a-t-il pas d'autres personnes que des opportunistes antisémites à recruter pour l'UMP ou pour le PS ? Ou faut-il avoir un profil de carriériste prêt à toutes les compromissions et courbettes, sans engagement réel, mais avec un talent certain pour surfer sur toutes les vagues même brunes pour espérer intéresser les grands partis, et faire office de "représentant de la diversité " 

Le plan " ils ont été récupérés", "ils n'étaient pas du tout antisémites avant", c'est trop simple; c'est possible qu'ils n'en aient rien à foutre d'être antisémites ou pas, qu'ils aillent là où ça leur rapporte, mais encore plus plausible qu'ils l'aient toujours été, peut-être moins violemment, moins visiblement. Mais en tout cas quand on passe du PS à l'UMP avec des excursions via les succursales du FN, c'est qu'on n'a jamais eu l'intention de faire passer ses convictions avant ses intérêts: et si le PS s'est retrouvé avec des gens comme ça, et bien c'est aussi de sa responsabilité, il avait le choix et il l'a fait en fonction de certains paramètres et malheureusement il a perdu. Mais le plan "ils étaient gentils avant et ils sont devenus très méchants", qui transparaît dans la communication de Pietrasanta, il est un peu gros.

mercredi 28 janvier 2015

Carcassonne : maintien du régiment de paras (3e RIP MA) ... et du climat raciste que certains de ses membres font régner ?

Juin 2014, coupe du Monde foot. La presse locale (et les médias d'extrême-droite) relaient une bagarre et le saccage d'un restaurant, très fréquenté par les paras du 3ème RIP MA de Carcassone, le soir de la victoire de l'Algérie .

Les articles de presse restent très vagues sur le début des évènements, une petite phrase retient cependant l'attention : "Les paras étaient alors devant le restaurant, lorsqu’un échange de menaces et d’insultes a fusé de part et d’autre." Evidemment, on ne peut déduire du seul regroupement de militaires sur une place qu'ils aient forcément cherché la merde en proférant des insultes racistes...sauf quand il s'agit du 3ème RIP MA .

Ce régiment, en effet, fait partie d'une unité qui a un très long passif dans ce domaine: en 1990 , une ratonnade y est menée par les soldats (http://www.humanite.fr/node/12867). En 2008, ce sont des paras menés par un membre du FN, et se revendiquant d'un groupuscule néonazi, qui incendient la mosquée de la ville (http://www.ladepeche.fr/article/2008/12/18/509628-justice-mosquee-incendiee-les-neonazis-condamnes.html). Un de ces paras, Victor Lenta, aujourd'hui membre du Bloc Identitaire Toulouse s'est notamment vanté d'avoir participé à de nombreuses descentes racistes dans les cités avoisinantes avec d'autres soldats dans un reportage diffusé sur Canal Plus, l'"Armée au rapport". En 2010, malgré le renvoi des néo-nazis les plus impliqués dans l'affaire de la mosquée, l'ambiance n'a pas changé: place Carnot, un soir les paras commencent pas tabasser les jeunes issus de l'immigration sur place en hurlant des slogans nazis, puis font une descente violente dans un bar , où tous ceux soupçonnés d'être "non-blancs " sont tabassés (http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2010/03/07/1975095_carcassonne-deferlement-de-violence-et-de-haine-raciste-en-centre-ville.html).

A la lumière de ce bref historique, qui ne recense que les actes racistes les plus violents de cette unité, qui sont les seuls à être médiatisés, on a évidemment une idée un peu plus claire de l'ambiance que peut faire régner au quotidien la présence d'un tel régiment dans la ville et une idée un peu plus claire de ce qui a pu se passer un soir où les paras, pour une fois n'étaient pas en position de force lorsqu'ils ont livré leur "avis" sur la victoire de l'Algérie en sortant du restaurant ce soir là....


Régulièrement, on trouve des militaires du 3eme RIP MA dans la presse locale.
En août 2014, Victor Lenta est en Ukraine où il combat aux côté des milices pro-russes armées par Poutine, ces milices qui assassinent, enlèvent et persécutent depuis des mois. Lenta a déclaré au journal Le Monde qu'il avait hâte de montrer aux Russes ce que les paras français savaient faire. Au vu du régiment dont il vient, on se doute qu'il sera à la hauteur de la violence exigée.

Le 23 janvier 2015, un membre de ce régiment, aujourd'hui retraité, était sorti de chez lui en annonçant son intention de faire sauter une mosquée. Il a été hospitalisé d'office en psychiatrie, étant décrit comme psychotique et sujet à des crises lors de l'arrêt de son traitement. Pour une fois, l'existence de troubles mentaux semble avérée, mais en l'occurrence, la question à se poser est celle du rôle joué par l'environnement du 3e RIP MA dans l'évolution de la santé de ce militaire, dans l'orientation de ses passages à l'acte...

dimanche 25 janvier 2015

La déchéance de nationalité, symptôme d'une société raciste

Suite aux attentats de Paris et au démantèlement d'une cellule terroriste, le gouvernement belge envisage d'étendre la déchéance de nationalité aux immigrés de deuxième et troisième générations. Au risque de créer des "sous-catégories de Belges".
La thématique de la "déchéance " de la nationalité est toujours lourde de dangers. Elle a souvent été utilisée par des régimes totalitaires, tels que celui de Vichy.

Cette mesure aura surtout l'effet de montrer politiquement que toutes les histoires d'intégration sont une fiction et de renforcer justement les discours sectaires par contrecoup: si même après trois générations, les personnes issues de l'immigration toujours pas des Européens, mais des gens qu'on peut traiter à part des autres et à qui on peut retirer leur nationalité, alors nous vivons bien dans une société irrémédiablement raciste et nous serions des pigeons en danger si nous croyons autre chose. Faire un truc pareil, ce n'est pas déclarer la guerre seulement aux personnes qui vivront concrètement cette mesure, mais à des millions de gens.

samedi 24 janvier 2015

Marché de la violence : les affaires ne s'arrêtent jamais à l'extrême-droite

Où l'on retrouve Claude Hermant, en garde à vue dans une opération de démantèlement d'un trafic d'armes. Il est surtout connu ces dernières années comme gestionnaire de bars ou de structures culturelles fascistes comme la Maison Flamande, une activité prisée également par son compagnon de route de longue date, Serge Ayoub.
Claude Hermant aux côtés de Serge Ayoub (au centre) à la Maison Flamande en 2011

A la fin des années 90, Hermant s'épanchait dans tous les journaux sur une autre activité, celle qu'il avait exercée pour le DPS (le service de sécurité du FN), et racontait des histoires assez incroyables d'équipées militaires au côté d'un paquet de dictateurs et d'aspirants au coup d'Etat, en Afrique notamment, pour le compte du DPS. Ses propos rocambolesques auraient pu être pris comme un règlement de comptes avec le FN, qui à l'époque, notamment après le meurtre de Brahim Bouarram balançait ses miliciens néo-nazis à la police. Sauf qu'Hermant avait bien été arrêté et condamné au Congo (puis grâcié).
 

Et puis les médias ont oublié, et le FN a été dédiabolisé tandis que des figures comme Hermant ou Ayoub étaient de plus en plus décrits comme des néo-nazis rangés des affaires, un peu folklo et pas bien dangereux. Mais à l'extrême-droite, les affaires ne s'arrêtent jamais et surtout pas celles qui ont trait aux marchés de la violence.

vendredi 23 janvier 2015

Théories conspirationnistes sur les attentats : la responsabilité de ceux qui les construisent

Depuis les attentats, les médias se promènent à Grigny, à Creil, à Bobigny et tendent leurs micros à des jeunes qui répètent les mêmes théories conspirationnistes. Un choix géographique et social bien limité, qui permet ensuite tous les discours sur une France coupée en deux, les raisonnables d'un côté, les fous de l'autre.

Voici un titre du Point en 2012: " Mohammed Merah travaillait pour les RG".
L'article se fonde sur le fait que Merah avait une fiche S, or la fiche S est assez commune, elle vise aussi bien une partie d'activistes d'extrême-gauche que d'extrême-droite, que des militants nationalistes basques ou corses ou des militants de l'islam intégriste. C'est une fiche de surveillance accrue. Un article de Libération explique par exemple qu'au moins une vingtaine de militants du Bloc Identitaire en ont une, ce qui n'a rien à voir avec le fait de "travailler pour les RG", évidemment.

L'article vise aussi la famille des victimes: l'une d'elles est accusée implicitement de s'être ralliée à une omerta prétendue parce qu'elle a changé d'avocat .
Certes l'idée selon laquelle Merah travaillait pour les services secrets et s'est fait "manipuler" ou "piéger" est répandue dans les quartiers populaires....comme ailleurs, la différence étant qu'un môme de seize ans en général ne construit pas les discours de propagande, il les relaie. Et il n'a pas l'audience ni le statut social d'un journaliste du Point.


Depuis les derniers crimes, cet article est de nouveau partagé sur les réseaux sociaux, notamment par les propagandistes antisémites qui ne veulent pas se griller en diffusant uniquement des sites fascistes.

mercredi 21 janvier 2015

Le FN, tentative de synthèse de toutes les haines

Juillet 2014: Aymeric Chauprade , conseiller de Marine Le Pen publie une tribune personnelle très islamophobe en prenant prétexte de la guerre en Israël et en Palestine. Tandis qu'Alain Soral dénonce la main-mise des "sionistes" sur le FN, une partie des analystes antifascistes analyse également cette tribune comme l'évènement avec un grand E, celui qui démontre que l'antisémitisme n'est plus dans le logiciel du FN, ni d'ailleurs celui de l'extrême-droite européenne, que Soral et Dieudonné sont foutus et lâchés par le FN et autres formules définitives.

Janvier 2015: à la suite d'une tribune violemment islamophobe, Chauprade est débarqué publiquement de son poste de conseiller, humilié et désavoué par Marine Le Pen.
 

Le FN est et a toujours été une tentative de synthèse de toutes les haines, de toutes les écoles , de toutes les tendances fascistes, une synthèse qui n'exclut pas les contradictions internes, tant qu'au dessus l'autorité de la famille Le Pen est respectée. Ce qui génère en permanence des arbitrages entre les tendances, des évictions violentes mais pas forcément définitives, des ajustements du discours, des volte-face médiatiques qui permettent à la finale à tous les racistes et les antisémites d'y trouver leur compte. Et aux membres des minorités contaminées par le fascisme de se persuader qu'elles ont leur place dans leur parti, puisqu'il y a toujours des postures leur permettant de se persuader que l'Ennemi du FN, c'est l'Autre Minorité.

Poursuites contre Dieudonné : l'importance du chef d'inculpation

Depuis l'inculpation du néo-nazi pour apologie du terrorisme, il y a de quoi dénoncer la scandaleuse différence de traitement entre lui et des dizaines de condamnés en comparutions immédiates, sans tenir compte ni de leur personnalité, ni de leur santé mentale, et sans respecter leurs droits à la défense. 
On peut également s'inquiéter du caractère juridiquement peu tenable et politiquement scandaleux du choix de l'infraction, alors que la phrase "Je suis Charlie Coulibaly", dans la bouche de Dieudonné, et au vu de ses défenses passées de tueurs antisémites, pouvait être attaquée bien plus justement et efficacement avec les infractions ayant trait à l'incitation à la haine raciale. 

Deux jurisprudences, concernant des
individus ayant dit ou écrit cette seule phrase, viennent confirmer cette analyse, l'un prononçant la relaxe en matière d'apologie du terrorisme, l'autre devenant un outrage à agents (la phrase ayant été prononcée en direction de policiers). 

Encore plus marquant, à Montpellier , le défendeur a argué qu'il avait mis cette phrase parce qu'il était "fan de Dieudonné" et non pas apologue du terrorisme. "Seulement antisémite", pourrait-on résumer...

Dieudonné utilisera évidemment ces jurisprudences, et autres arguments politiques et juridiques contre une inculpation bancale. 
Encore une fois, la lutte contre l'antisémitisme ne passe pas par les gesticulades médiatiques, mais par un travail juridique sérieux, tout à fait possible dans le cas Dieudonné, où les bases solides ne manquent pas

lundi 19 janvier 2015

Hrant Dink, défenseur des Arméniens de Turquie, assassiné le 19 janvier 2007.


Voir les mises à jour à la suite de l'article

19 janvier
En mémoire de l'anniversaire de la mort de Hrant Dink (en arménien : Հրանտ Դինք) journaliste et écrivain Arménien de Turquie.

Il a été assassiné le 19 janvier 2007 par un nationaliste turc de 17 ans dans le quartier d'Osmanbey à Istanbul, devant les locaux de son journal bilingue "Agos" .
Hrant Dink a été le fondateur, le directeur de publication et le chroniqueur en chef de ce journal édité à Istanbul en arménien et en turc. Il a également écrit pour les journaux turcs Zaman et Birgün.
Il a fondé le journal Agos en 1996, et devint peu à peu le leader d'opinion de la communauté arménienne de Turquie.

Tout au long de sa vie, il s'est focalisé sur les questions des droits des minorités, des droits civiques et des problèmes concernant la communauté arménienne de Turquie. Il était aussi un activiste des mouvements de gauche et pacifistes turcs. Son assassinat a été l’aboutissement d’une campagne de dix années de harcèlement par les autorités du pays, par l’armée et par des groupes extrémistes. Mais ce crime a déclenché une vague de solidarité sans précédent et d’activisme pro-démocratie en Turquie. Plus de 100 000 personnes ont participé à ses funérailles en portant des pancartes proclamant: " Je suis Hrant Dink" .

Aujourd’hui, Dink est devenu un symbole du mouvement pour les libertés civiles en Turquie et en Europe.

Hrant Dink était un Arménien, dans un pays où les Arméniens ont longtemps vécu dans la peur. Il était un journaliste, dans un pays où, plus que jamais, les journalistes libres penseurs sont soumis à des pressions et des persécutions. Et en tant que défenseur de la paix, il a été vilipendé par les nationalistes.
Après sa mort, la famille et les amis de Dink ont établi une fondation qui a depuis poursuivi et élargi son travail en Turquie pour les libertés civiles, des droits des minorités et des relations pacifiques avec ses voisins, en particulier l’Arménie.

L'année 2015 représente le centième anniversaire du génocide des Arméniens.
Memorial 98, qui lutte contre tous les négationnismes, salue la mémoire des victimes du génocide et de Hrant Dink. Nous nous mobiliserons tout au long de l'année, avec nos amis du Collectif Van, afin que cesse le négationnisme de l’État turc et afin qu'en France la loi pénalisant la négation de ce génocide soit enfin votée et promulguée

Memorial 98

Mise à jour du 25 avril 2019 
 
Erdogan escalade dans le négationnisme. Il déclare sur son compte Twitter:  " Le transfert des bandes arméniennes et de leurs partisans, tueurs de musulmans, y compris des femmes et des enfants vers l’Est de l’Anatolie était la décision la plus raisonnable à prendre à l’époque". Le président turc ajoute une dimension religieuse au génocide en évoquant de prétendus "tueurs de musulmans" a lire ici

Mise à jour du 19 janvier 2018


La terrible répression mise en place par Erdogan depuis la tentative de coup d’État de juillet 2016 frappe durement les journalistes ainsi que les défenseurs des minorités. Plus de 3000 journalistes ont perdu leur emploi. Cinq d'entre eux viennent d'être condamnés pour un prétendu "terrorisme".
Dans ce contexte, les enquêtes concernant les journalistes assassinés sont en danger. 

Nous exigeons plus que jamais la vérité et la justice pour Hrant Dink.

Memorial 98

Mise à jour du 19 janvier 2017
 Hrant Dink (en arménien : Հրանտ Դինք) journaliste et écrivain Arménien de Turquie.
 Il a été assassiné le 19 janvier 2007 par un nationaliste turc de 17 ans dans le quartier d'Osmanbey à Istanbul, devant les locaux de son journal bilingue "Agos"

En ce dixième anniversaire de l’assassinat de Hrant Dink  plus d'un millier de personnes se sont réunies sur le lieu et à l'heure du crime à Istanbul.


  Sur les pancartes: "Nous sommes tous des Hrant Dink et des Arméniens"


Levent Sensever, ami de Hrant Dink, s'est dit plus confiant que lors des précédentes commémorations:  « Si le procès avance enfin, c'est en grande partie grâce à notre mobilisation, qui n'a jamais faibli. Notre lutte pour la justice continue, pour Hrant lui-même, et pour le symbole qu'il était, notamment dans la lutte du peuple arménien pour la reconnaissance du génocide », assure-t-il.

Cette semaine, le tribunal a entendu un acteur-clé, l'ancien chef du renseignement de la police d'Istanbul. Une nouvelle audience doit se tenir ce vendredi 20 janvier 2017.

Néanmoins on ne peut que s'interroger sur la possibilité de faire toute la lumière sur le meurtre alors que la Turquie subit une période de répression particulièrement grave. Celle-ci touche notamment les journalistes et le parti progressiste HDP accusé de soutien au terrorisme.

Le parquet turc a requis mardi jusqu'à 142 ans de prison contre Selahattin Demirtas, coprésident du  HDP, accusé d'appartenir au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), .
Le même parquet de Diyarbakir (sud-est) a en outre requis jusqu'à 83 ans d'emprisonnement pour Mme Figen Yüksekdag, qui copréside le HDP.
De son côté Garo Paylan, député arménien d'Istanbul élu sur la liste du HD a été suspendu temporairement de ses fonctions au Parlement, pour avoir déclaré le 13 janvier 2017 à la tribune de la Grande Assemblée de Turquie:" J’appelle cela (l'extermination des Arméniens en 1915) un génocide".

Alors que la reconnaissance du génocide des Arméniens à récemment progressé, notamment en Allemagne (voir ici) le pouvoir d'Erdogan s'obstine dans le négationnisme d’État et dans la mise en cause des libertés.
Plus que jamais nous rendons hommage à la mémoire de Hrant Dink et exigeons que ses assassins soient punis.

MEMORIAL 98

dimanche 18 janvier 2015

Les camarades de classe d'une élève avocate voilée empêche une agression de la part d'un professeur

L'avocat de Florian Philippot du FN et de Balkany, professeur à l’Ecole de formation professionnelle des Barreaux de la Cour d’Appel de Paris (EFB), a agressé une étudiante vendredi 16 janvier 2015, car elle portait un foulard.
Les élèves-avocats se sont portés au secours de leur collègue, manifestant là une juste réaction.

Si le port d'un voile est, regrettablement, interdit dans l'enseignement secondaire, il n'en est rien dans l'enseignement supérieur.
Rappelons que la laïcité est un concept permettant à tous, indépendamment de ses convictions et/ou origines diverses et variées, d'accéder à des services publics et indépendants des institutions religieuses. A commencer par l'école.
La laïcité s'applique donc aux administrations et services publics, notamment dans leurs rapports avec les usagers, pour éviter toute discrimination.

samedi 17 janvier 2015

Qu'y a-t-il dans le "Je suis Charlie Coulibaly" de Dieudonné ?

Après la manifestation parisienne du dimanche 11 janvier 2015 suite aux attentats des jours précédents - dont la prise d'otage antisémite d'Amedy Coulibaly dans une épicerie casher à Porte de Vincennes, qui a fait 4 morts - Dieudonné a déclaré notamment : "je me sens Charlie Coulibaly"
Dieudonné multiplie décidément les provocations : il affirme ainsi son soutien à l’assassinat de Michel Saada, Yoav Hattab, Yohan Cohen, Philippe Braham, tués par Coulibaly, parce que juifs.
Dieudonné n'a pas dit "Je suis Ahmed Coulibaly", il n'a pas dit "Je suis Charlie Kouachi", il a bien choisi ses mots.
Il joue à la fois sur le mot d'ordre très ambigu "défense de la liberté d'expression" et sur l'antisémitisme qui n'a pas disparu, et qui fait qu'une partie des gens se sent solidaire de Charlie Hebdo, mais ne se sentait pas particulièrement touchée par exemple par la tuerie commise par Merah.  
Quelle ambiguïté y a-t-il dans la défense de la liberté d'expression ? Celle qu'il y a à chaque fois que le camp fasciste s'empare d'un terme, celle qu'il y a à ne pas préciser de quoi on parle.
La liberté d'expression, ce n'est pas débiter ses histoires un peu racistes, un peu homophobes, un peu antisémites, un peu sexistes, sans que personne ne puisse y trouver à redire, ou vous demander des comptes. Ce n'est pas se vautrer dans la jouissance débridée et mortifère des paroles de haine, de l'oppression et de la déshumanisation des minorités
Comme toute liberté, elle implique des responsabilités. Pour ceux qui prennent la parole, comme pour ceux qui écoutent, et répètent. 
 
Le parquet poursuit Dieudonné pour apologie du terrorisme pour la seconde fois.
Mais il devrait aussi et surtout être poursuivi sur la base de la législation antiraciste, pour incitation à la haine raciale contre les Juifs.  Nous avons une excellente législation antiraciste, qui a la qualité de ne pas faire partie d'un arsenal d'exception, contrairement aux lois antiterroristes, il convient de s'en servir, voilà tout.
Bien évidemment la défense de Dieudonné face à l'accusation d'apologie du terrorisme sera de dire "puisque j'ai dit je suis Charlie, je combats le terrorisme, et j'ai dit je suis Coulibaly, parce que je suis noir et que je me bats contre l'assimilation de tous les Coulibaly avec les terroristes", et ainsi de suite.

Et parce que la justice n'est qu'un outil parmi d'autres, il appartient à tous les antiracistes de se mobiliser, dans les procès, dans la rue, au quotidien, sur les réseaux sociaux...

Il faut aussi bien se souvenir de la position de Dieudonné au niveau international, puisqu'il fait référence à un terroriste qui se revendique du califat de l'Etat Islamique. 
En août 2014, il poste une vidéo sur James Folley (journaliste américain décapité par l'Etat Islamique) dans laquelle il déclare que « La décapitation symbolise le progrès, l'accès à la civilisation »). Mais cela ne doit pas faire oublier qu'il est un fervent soutien d'Assad et que lui et les siens, comme l'extrême-droite du FN ont dénoncé Daesh depuis très longtemps....pour faire oublier la révolution syrienne qui combattait à la fois Assad et Daesh. 
Et il devient vital de mettre l'analyse de ce qui se passe en Syrie au premier plan aujourd'hui, c'est malheureusement un des enseignements qui seront sans doute des plus négligés comme ils l'ont été depuis trois ans, alors que la propagande djihadiste, elle, a su utiliser les massacres commis par Assad


dimanche 11 janvier 2015

Missak Manouchian et ses camarades : au Panthéon !
















Les nazis ont voulu stigmatiser les résistants anti-nazis en les exposant sur la  fameuse "Affiche    Rouge" après les avoir stigmatisés dans la presse à leur ordre  







  




Mise à jour du 10 mai 2019 


En hommage éternel à Olga (Golda) Bancic membre du groupe Manouchian, guillotinée par les nazis après avoir été atrocement torturée, le 10 mai 1944, à Stuttgart, le jour même de son trente-deuxième anniversaire. Elle avait été arrêtée le 16 novembre 1943 et  condamnée à moert avec les autres membres du groupe le 21 février 1944.
Elle symbolise les femmes immigrées engagées dans la lutte contre le nazisme en France. Sa mémoire et celle des autres membres du groupe méritent qu'ils et elles entrent au Panthéon.  

MEMORIAL 98

Mise à jour du 1er juillet 2018

C'est aujourd'hui que se déroule l'entrée de Simone Veil au Panthéon, nous saluons cet évènement.
Il est grand-temps qu'y entre également Missak Manouchian, symbole de la résistance au nazisme.
La signification en serait d'autant plus forte que Manouchian était un orphelin du génocide arménien. 
Le lien entre les génocides du 20e siècle, notamment celui des Arméniens et la Shoah, représente une raison supplémentaire de procéder à cette reconnaissance du rôle des résistants de l'Affiche rouge.  

MEMORIAL 98

Mise à jour du 21 février 2018
 
Une partie des membres du groupe Manouchian avant leur exécution
Alors que l'entrée de Simone Veil au Panthéon est prévue pour le 1er juillet prochain, il est temps qu'y entrent également Missak Manouchian et ses camarades, symbole de la résistance au nazisme. 

Cette décision représenterait un hommage mérité à tous les résistants anti-nazis d'origine étrangère. Ceux-ci ont souvent été les pionniers de la résistance aux nazis, notamment dans le cadre des FTP-MOI ("main d’œuvre immigrée "). Ils ont été pourchassés et assassinés par les nazis, notamment pour le groupe dit de l'Affiche Rouge fusillés avec Manouchian le 21 février 1944 au Mont-Valérien.

Ce geste est d'autant plus important que la mémoire de Manouchian et à travers lui de celle de ses camarades, continue d'être attaquée par les néo-nazis comme en témoignent les profanations de sa stèle à Marseille ( voir ci-dessous) 
  
On notera que l'un des des 2 terroristes d'extrême-droite interpellés en ce début juillet à Vitrolles est mêlé aux attaques contre la mémoire  de Manouchian.
Il a admis avoir été membre de plusieurs groupuscules appartenant à la mouvance d’ultra droite, dont le Mouvement populaire pour une nouvelle aurore (MPNA), inspiré du parti néo-nazi grec "Aube dorée".
 

Ce groupe "MPNA" est impliqué dans la profanation de la stèle de Missak Manouchian à Marseille depuis 2014

Il a notamment été repéré car il était était également l’administrateur d’une page Facebook « des amis de Breivik ». On pouvait notamment y lire : « rebeus, blacks, dealers, migrants, racailles, djihadistes, si toi aussi tu rêves de tous les tuer, nous en avons fait le vœu, rejoins-nous ! »



Memorial 98


 


Janvier 2015: début septembre 2014 à Marseille, une dizaine de personnes, se revendiquant du "mouvement populaire-nouvelle aurore" (allusion au parti néonazi Aube Dorée en Grèce) ont profané la stèle de Missak Manouchian.

Sur une vidéo du groupe, on entend les militants d'extrême-droite déclarer que Manouchian est « un terroriste communiste, tueur de Français », ou encore « Manouchian, grosse merde, on ne veut pas de ça à Marseille. »

Missak Manouchian était un militant communiste arménien et membre des FTP-MOI (Francs Tireurs et Partisans - Main d'Oeuvre Immigrée), un groupe résistant pendant la seconde Guerre Mondiale. Il a été fusillé au Mont Valérien par les nazis, ainsi que plusieurs de ses camarades.

Les deux néonazis identifiés, David Guichard et Olivier Bianciotto, âgés de 42 et 30 ans, ont été jugés le 9 janvier 2015.
Et ce sont bien deux mémoires différentes qui s'affrontent, malgré la prétendue méconnaissance des militants d'extrême-droite. Celle de ceux qui ont lutté et sont morts pour la liberté, pour un monde plus juste et plus humain, et celle de ceux qui sous le régime de Vichy traquaient communistes, Juifs, étrangers, gitans...



Dernière lettre de Missak Manouchian
Olivier Bianciotto, pourtant adhérent des Jeunesses Nationalistes jusqu'à leur dissolution en 2013, a eu le culot de dire être venu par curiosité sans savoir qui était Manouchian ! Alors que sur la vidéo, on le voit prendre la parole devant la stèle.
Comme souvent également pour ce genre de militants, il s'est  dit "victime" des antifascistes...
David Guichard est lui aussi là "par curiosité", pour voir. Il a déjà plusieurs condamnations pour port d'armes et violences, mais il a également eu un rappel à la loi en septembre 2014, après avoir diffusé une photo de lui en train de faire le salut nazi.
Tous deux sont entendus dans le cadre de l'incendie d'un radar en novembre 2013, l'instruction est toujours en cours...

Des militants affirmés donc, mais qui connaissent les ficelles pour se défendre dans un tribunal : minimiser sa participation aux faits, présenter des excuses... Pourtant, David Guichard assume ses convictions politiques : « Je voulais voir qui participait à cela et je pensais sincèrement rencontrer des gens de l'extrême droite très dure et je me suis retrouvé avec des jeunes pour la plupart des étudiants. Quand j'ai vu qu'il s'agissait d'une bande de merdeux, cela ne m'a pas intéressé. »

Des activistes d'extrême-droite qui ont passé l'âge des erreurs de jeunesse... et qui manifestent d'un penchant pour la violence, verbale et même physique, de manière confirmée pour l'un d'entre eux,
Mais qui bénéficient d'une condamnation légère : 100h de travaux d'intérêt général, sous peine de 2 mois de prison ferme. Et sans inscription au casier judiciaire pour Bianciotto, qui travaille dans la sécurité et ne perdra pas son agrément préfectoral...

L'avocat de l'association Jeunesse Arménienne de France a déclaré que « l’ignorance n’a jamais été une excuse ni une atténuation de responsabilité ». Il a également « refusé les excuses » que les deux prévenus ont présentées à la communauté arménienne, au motif que : « vos actes vous ne les assumez pas. »

MEMORIAL 98
 
Mise à jour du 5 aout  2018
Hommage à Arsène Tchakarian, dernier survivant du "groupe Manouchian" qui vient de décéder à l'âge de 101 ans. Ses parents avaient fui les persécutions des Arméniens en Turquie. Investi dans les FTP-MOI, il a pu échapper à l'arrestation et à poursuivi son activité dans la Résistance. Après la guerre, il a consacré son activité à la mémoire des résistants anti-nazis et à celle du génocide des Arméniens.
Il est plus que jamais utile et nécessaire que soient honorés les combats de ces pionniers de la Résistance contre le nazisme par leur entrée au Panthéon (voir ci-dessus) 
    
                                        
                                          Arsène Tchakarian


Mise à jour du 16 novembre 2017

16 novembre : en mémoire de Missak Manouchian et des autres résistants de la MOI (Main d’œuvre immigrée).

Le 16 novembre 1943, c'est arrestation de Manouchian, chef des FTP-MOI de la région parisienne, personnage le plus connu de la future "Affiche rouge", en gare d'Évry Petit-Bourg (Essonne) . Il est fusillé avec ses camarades le 21 février 1944. 

Missak (dit Michel) Manouchian est né dans une famille de paysans arméniens en Turquie. Orphelin du génocide arménien, il est arrivé en 1924 avec son jeune frère à Marseille.

Plus que jamais nous demandons que Manouchian entre au Panthéon.

Memorial 98

 

Mise à jour du 13 Février 2017

Des fascistes ont à nouveau profané la stèle Manouchian, à quelques jours du 73e anniversaire de leur exécution par les nazis  le 21 février 1944. Nous soutenons l'appel à mobilisation des associations arméniennes ci-dessous et leur affirmons notre entière solidarité.

Memorial 98 


      
Fresque en mémoire de Manouchian et de ses camarades, réalisée par l'association Art Azoi dans le 20e arrondissement de Paris.


" Appel

Le 13 février 2017, la stèle Missak Manouchian, située sur le square du même nom au cœur du 7ème arrondissement de Marseille a de nouveau été profanée.
Cet acte fait suite à ceux perpétrés en 2014 par des groupuscules d’extrême droite (voir ci-dessous).

Nous condamnons fermement cette nouvelle violation, et demandons la recherche et la punition des auteurs de ces faits inqualifiables.
Cette profanation est une nouvelle atteinte à la mémoire des Résistants, morts pour la France pendant la deuxième Guerre Mondiale.

Missak Manouchian était le chef d’un réseau de 23 résistants, composé exclusivement d’immigrés, tristement rendus célèbres par l’Affiche Rouge. Engagés dans un combat pour libérer la France du nazisme, ils furent chassés, arrêtés puis exécutés au Mont Valérien le 21 février 1944.
Depuis plusieurs années, nous appelons l’État Français à transférer les cendres du Groupe Manouchian au Panthéon.

Afin de sacraliser une fois pour toutes leur mémoire, adresser un message fort aux jeunes générations  en perte de repères, et affirmer par ce geste symbolique la volonté de la France de conserver intactes, contre toutes les atteintes à venir, les valeurs qui ont fondé notre République.

Devant ce nouvel acte odieux, et à l’aube de grandes échéances électorales en France, nous réaffirmons l’impérieuse nécessité de panthéoniser Missak Manouchian et ses camarades.
Nous ne manquerons pas d’interpeler  les candidats à l’élection présidentielle sur ce sujet, pour connaître leurs engagements.

Nous appelons à une forte mobilisation citoyenne samedi 18 Février à 11h, au Square Missak Manouchian, Bd Charles Livon, 13007 Marseille, pour commémorer le 73ème anniversaire de l’exécution du groupe Manouchian."

Jeunesse Arménienne de France (JAF)
Union Culturelle Française des Arméniens de France (UCFAF)

Association des Anciens Combattants et Résistants Français d’Origine Arménienne (AACROA)